Prélude

La Genèse

1. De la Création du Monde

AU commencement, Ligevum créa le Ciel et la Terre. La Terre était submergée des ténèbres couvrant l'abîme. Ligevum créa un astre pour l'éclairer, et un autre pour revenir aux ténèbres. Elle appela le premier Soleil et le second Lune. Les ténèbres l'effrayant elle jeta une poignée d'étoiles entourant la Lune. Elle emprisonna les ténèbres d'eaux. Elle appela la partie ainsi contenue Limbes et elle rassembla l'eau en un seul endroit nommé Océan et nomma l'autre Continent. Lorsqu'elle passa sa main sur le Continent, elle le trouva trop lisse, ainsi elle le prit, le manipulant, serrant fort dans sa paume. Le Continent prit alors sa forme et ainsi se formèrent les montagnes d'où découlent les ruisseaux, se rassemblant en rivières, se rassemblant en fleuves, se jetant dans l'Océan.

AU fil des années, la verdure poussait en abondance sur le Continent. Les mers creusaient le Continent et érodaient les roches créant falaises au nord, au bord des montagnes, créant plages au sud, au bord des plaines verdoyantes. Lassée de voir la Terre si vide, Ligevum y insuffla la vie. Elle commença par créer des muses à son image, s'arrachant à chaque doigt la dernière phalange. Au dernier doigt, Ligevum manqua son incision, ne se coupant que trop peu, insuffisant pour créer la dixième muse. Mais une goutte de sang qui coula, s'enfonça dans la Terre donnant naissance aux elfes. Ligevum, rongé par le chagrin de n'avoir pu concrétiser la naissance des dix muses laissa couler une larme, s'enfonçant dans la Terre donnant naissance aux humains.

LE premier humain fut nommé Ondogorn et le premier elfe Sürionir. Chacun de leur côté, ils prospérèrent, sous le regard des muses, amusées de les voir travailler la terre, tandis qu'elles s'amusaient. Un jour, d'humeur taquine, elles créèrent des animaux pour chasser et effrayer les humains et les elfes. Mais ces derniers, plus intelligents qu'il n'y paraissait, décidèrent de les effrayer et de les chasser. Les deux races proliféraient, depuis déjà plusieurs décennies et infestaient de plus en plus d'endroits. Ligevum, dégoûtée de leur existence demanda alors à ses muses de les tuer tous.

2. Du Déclin des Muses

Le péché

L'AURORE. Le Soleil vient de se lever et éclaircit déjà de sa clarté les plaines de cette contrée paisible. Les hommes viennent de se lever. Déjà un groupe se prépare. Habillés de vêtements de cuir, chaussés de bottes, ils vont à l'aide de paniers récolter les fruits que les arbres leur offrent. Pommes, oranges, prunes et autres fruits dont ils raffolent. Leurs goûts exquis les réconfortent. Ils les vendent même. Certains se sont appropriés la terre. Ils se sont associés pour travailler ensemble. Mais cela fait peu de temps... En effet, les hommes et les elfes, non seulement n'était encore qu'à l'état de sauvages il y a peu, mais en plus ils ne parlaient pas la même langue selon la race. C'est Firak qui les y a aidé. Cette dernière voulant se faire bâtir un temple demande parmi les mortels ceux qui étaient les plus robustes et les plus courageux. Lassée de leur lenteur et de leur incapacité à faire ensemble, elle les ensorcela. Ainsi les mortels acquérirent un langage commun. Peu à peu, chacune des muses se fit construire un temple à sa gloire.

La renégation

DÉGOÛT. C'est le mot qui vint à l'esprit de la Déesse Ligevum lorsqu'elle vit ces mortels construire pour les muses et pour eux-même, s'appropriant la Terre qu'elle avait créée, survivant de fruits qu'elle avait fait mûrir. Son coeur souffrit de voir tant d'impureté s'approprier tant de beauté. La Déesse appela les muses. Toutes descendirent sur Terre. Là, un festin leur avait été préparé. Les tables recouvertes de nappes blanches servaient des corbeilles de fruits brillants. « Mangez », leur dit Ligevum. Les muses mangèrent. Mais alors qu'elles portaient ces mets à leurs bouches, tandis qu'elle tenait dans leurs mains cette nourriture si douce, plus rien n'éveilla leur plaisir. Pire. Les fruits autrefois si délicieux devinrent insipides. Leur toucher ne provoquait nulle extase. Leur goût ne transmettait nulle douceur. C'est la punition qui leur était infligée. Parce que pendant que les muses voulaient se régaler, elles ne virent pas que des chaînes s'étaient formées autour de leurs poignets, que des boulets alourdissaient leurs chevilles ni que leur cou était attaché. La Terre devint leur prison.

Le meurtre

LE soleil se leva. De toute sa splendeur, il vint éclairer ces chaînes d'or qui, tels des bijoux, étincelaient de brillance. Les rayons se propagèrent dans le ciel. Au loin, les mortels furent éblouis. Le soleil n'était pas encore haut dans le ciel mais des halos de lumières partaient de l'horizon et s'envolaient avec force et splendeur dans le ciel, illuminant comme des éclairs. Aux yeux des humains comme des elfes, jamais la nature ne s'était manifestée avec tant de férocité. Intrigués, les mâles furent envoyés en masse suivre ce chemin céleste pour protéger leurs familles et leurs clans de cette puissance divine qu'ils craignaient. Après plusieurs jours de marche, guidés par la recherche de cet inconnu ils arrivèrent enfin devant la scène qui s'offraient à eux.

LA pureté incarnée se tenaient devant eux. Eux. Sâles, corrompus, honteux. Ils s'agenouillent. Les muses sont là, emprisonnées, nues. Elles sont libres et bientôt, les mortels seront leurs esclaves, esclaves devant toute la beauté et la volonté illimitée, la liberté même. Une seule chose vient empêcher la concrétisation de cette vertue. Il s'agit de ces immondes chaînes d'or. Toutes se rejoignent au centre. Les mortels comprennent quelle est leur mission. Tous, ils s'empressent de libérer les muses et viennent rompre ces liens.

LES voilà presque libérée. Une seule chose est encore obstacle à leur volonté : Ligevum. Mais les muses ne comptaient pas se laisser dominer de la sorte. Aussitôt libérée, elles retournèrent dans leur monde, l'au-delà. Elles y trouvèrent leur créatrice. Aussi vrai que Ligevum créa les muses, les muses détruisirent Ligevum. Alliées, neuf contre une, le combat dura neufs jours. Mais Ligevum cèda. Elle fut mise à mort sans exprimer nul désir.

1.

 
 
 


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